Rapport d’enquête sur l’évacuation tardive suite à l’immobilisation du Panoramic Mont-Blanc le 8/09/2016

L’évènement concerne le téléphérique Panoramic Mont-Blanc situé sur le territoire de la commune de Chamonix dans le massif du Mont-Blanc.
Le jeudi 8 septembre 2016, à 15 h 20, à la suite d’un arrêt inopiné de l’appareil, des oscillations de la ligne se produisent et conduisent à un emmêlement du câble tracteur avec le câble porteur en trois endroits de la ligne.
Une procédure de « décroisement » des câbles est alors engagée. La casse subite d’un élément de moteur va l’interrompre et empêcher de la mener à terme.
À 17 h 20 le téléphérique est toujours immobilisé avec 110 passagers en ligne. Toutes les chances de redémarrage semblent épuisées. Il est alors décidé une évacuation par hélitreuillage.
54 personnes seront secourues jusqu’à 20 h 50, heure de la tombée de la nuit. 24 autres personnes seront encore secourues avant 22 h 30, mais par sauvetage vertical et marche sur le glacier. 32 passagers resteront dans les cabines toute la nuit.
Durant la nuit, la panne de moteur est réparée. Une nouvelle tentative de décroisement est effectuée à 7 h 15, avec succès. Elle occasionne toutefois un nouvel incident : le déraillement d’une cabine vide du câble porteur. Le rapatriement des derniers passagers s’effectue à basse vitesse et s’achève à 8 h 50. Ils auront été bloqués en ligne pendant 17 h 30 min.

Le fait initiateur de l’immobilisation prolongée de la télécabine est le déclenchement d’une sécurité, qui aurait théoriquement eu vocation à mettre l’installation dans un état plus sûr. Cette sécurité s’est activée en raison d’une modification du réglage de l’installation effectuée la veille.
Des défauts latents et une faible résilience de l’installation et de son exploitation ont conduit à une dégradation progressive de la situation, que l’exploitant n’a plus su gérer sans le recours aux services publics de secours.

Les causes de l’immobilisation prolongée et de ses répercussions ont été :

  • la sensibilité de l’appareil aux oscillations du câble tracteur qui a conduit à plusieurs croisements avec le câble porteur et à l’immobilisation ;
  • la casse, lors d’une tentative de décroisement, d’un flexible mal serti, sur un moteur qui venait d’être remplacé et dont l’aptitude à décroiser les câbles n’avait pas été vérifiée ;
  • l’omission de dispositifs palliant certains risques d’immobilisation, du fait d’une étude de sécurité incomplète ;
  • la surestimation, avant l’évènement, de la capacité de résistance des passagers en milieu hostile, sur une longue durée, et la sous-estimation de l’assistance qui leur était nécessaire ;
  • le manque de rigueur de l’exploitation pour assurer un haut niveau de sécurité de l’installation.

Le BEA-TT émet cinq recommandations et une invitation dans les domaines suivants :

  • la connaissance des effets dynamiques sur le Panoramic Mont-Blanc ;
  • la sécurité des cabines au déraillement ;
  • la rigueur de l’exploitation pour le maintien d’un haut niveau de sécurité ;
  • la consistance des essais probatoires concernant plus généralement les installations sensibles aux effets dynamiques ;
  • la qualité des études de sécurité des téléphériques à évacuation intégrée ;
  • la vigilance du service de contrôle de la sécurité des téléphériques.

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