Rapport d’enquête sur la collision entre le BUCENTAURE et le KLEBER le 13/10/2011 sur la Seine

Le 13 octobre 2011, vers 5h20, sur la Seine à la hauteur d’Amfreville-sous-les-Monts dans l’Eure, juste en aval de l’entrée de la grande écluse de Poses, le bateau BUCENTAURE, montant du Havre vers Gennevilliers chargé de 2 700 tonnes de sable et de graviers, heurte le pousseur KLEBER amarré à un ponton flottant dans le garage aval de l’écluse.
Aucune victime n’est à déplorer. Le pousseur a coulé et son conducteur a été entraîné au fond de l’eau. Il a cependant pu regagner la rive à la nage. Une fuite de carburant du pousseur a, par ailleurs, provoqué une pollution restée limitée.

La cause directe de l’accident est la détection tardive par le conducteur du BUCENTAURE des deux barges, du ponton et du pousseur mobilisés pour des travaux de réfection des écluses d’Amfreville-sous-les-Monts, qui se trouvaient sur sa route, amarrés ensemble dans une zone normalement dédiée au seul stationnement des bateaux en attente d’éclusage.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation :
- l’absence de tout signalement aux usagers de la voie d’eau du stationnement dans le garage aval des écluses des bâtiments de travaux précités alors que les caractéristiques de l’approche de la grande écluse conduisent fréquemment les bateliers remontant la Seine à suivre une route empiétant sur cette zone ;
- une défaillance des feux de signalisation équipant le pousseur et le ponton flottant ;
- une vigilance insuffisante du conducteur du BUCENTAURE qui naviguait à vue et qui n’a pas utilisé conjointement son radar pour détecter d’éventuels obstacles susceptibles de se trouver dans la zone de garage qu’il empruntait.
Par ailleurs, une détection précoce du pousseur KLEBER par le biais du système d’identification automatique des bâtiments (AIS) aurait permis d’éviter la collision.

L’analyse de cet accident conduit le BEA-TT à formuler deux recommandations portant :
- pour la première, sur le signalement aux usagers de la voie d’eau des conditions de stationnement, notamment nocturne, des bâtiments et engins flottants dédiés aux travaux ;
- pour la seconde, sur l’explicitation des conditions dans lesquelles des bateaux, qui ne sont pas en attente d’éclusage, peuvent exceptionnellement être autorisés à stationner dans les garages amont et aval des écluses.

Par ailleurs, le BEA-TT :
- invite la DGITM à clarifier les dispositions du règlement général de police de la navigation intérieure concernant la signalisation de nuit des engins flottants en stationnement qui ne sont pas au travail ;
- souligne tout l’intérêt que revêt l’utilisation coordonnée des différents moyens de navigation pour faire route en toute sécurité et invite les centres de formation des bateliers à développer la pratique de leurs élèves en ce domaine ;
- encourage VNF à poursuivre son action en matière d’aide à l’équipement des bateaux fluviaux en systèmes d’identification automatique (AIS).

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