Rapport d’enquête sur la collision de deux rames de tramway le 2/12/2019 à Montpellier

Le lundi 2 décembre 2019 en début d’après-midi, une panne d’un tramway sur la ligne 1 du réseau de Montpellier provoque l’accumulation en ligne ou en station de plusieurs tramways dans la zone du Château d’Ô. Dans ce contexte, le tramway n° 2012 s’arrête en ligne, une centaine de mètres avant la station Hôpital Lapeyronie, où un autre tramway est déjà à quai.
Quatre minutes plus tard, le tramway n° 2028 qui le suit quitte la station Universités des Sciences et des Lettres en direction de cette station Hôpital Lapeyronie. Le long du Centre Hospitalier Universitaire Lapeyronie, le conducteur du tramway n° 2028 aperçoit le tramway n° 2012 devant lui. Il freine, applique les patins magnétiques, puis deux secondes plus tard enclenche un freinage d’urgence via son manipulateur. Le tramway ralentit mais pas suffisamment. Au début du freinage, le conducteur du tramway est en excès de vitesse par rapport aux limitations imposées mais lorsqu’il commande le freinage d’urgence, la distance devant lui est suffisante pour que dans une situation normale, il puisse s’arrêter avant l’arrière du tramway n° 2012. Le tramway n° 2028 heurte pourtant le tramway n° 2012 à une vitesse estimée, suite aux investigations menées, entre 15 et 20 km/h.
La collision a fait 41 blessés légers parmi les passagers des deux tramways, estimés à 200 personnes. Des dégâts matériels sont constatés sur les deux tramways.

Les performances de freinage du tramway n° 2028 obtenues avec un phénomène d’enrayage ont été inférieures à celles qui étaient attendues, causant ainsi la collision.

La complexité de l’interaction véhicule-voie a exigé une analyse systémique pour rechercher les causes du rattrapage. Les investigations ont identifié plusieurs facteurs contributifs :

  • le comportement de conduite du conducteur du tramway n° 2028, sollicitant fortement le matériel roulant, alors que les conditions d’exploitation étaient défavorables ;
  • l’adhérence réduite en présence d’un rail non nettoyé récemment et probablement graissé ;
  • un sablage probablement défaillant sur une partie des bogies moteurs d’extrémités du tramway.
    Ces facteurs se sont cumulés sans que l’on puisse, au vu de la complexité du cas, déterminer avec exactitude la contribution de chacun.

Néanmoins, pour pouvoir expliquer l’enrayage profond constaté lors de l’accident, des facteurs additionnels sont nécessaires. Deux hypothèses complémentaires sont donc émises :

  • un agglomérat graisseux serait tombé d’un tramway dans la zone de freinage,
  • la correction du freinage par l’anti-enrayeur n’aurait éventuellement pas été adaptée alors que l’état d’adhérence du rail aurait dû lui permettre de rester dans sa limite de fonctionnement.

L’enquête n’a pas permis d’exclure ou de valider l’une ou l’autre hypothèse, ni de valider un cumul de ces deux hypothèses.
Les orientations préventives visant à éviter le renouvellement d’un tel événement sont ainsi à rechercher dans les domaines suivants :

  • le comportement de conduite du conducteur ;
  • l’état de propreté de la voie, et sa maintenance ;
  • le comportement au freinage et la maintenance du matériel roulant.

Le BEA-TT émet 7 recommandations et 3 invitations, relatives à la formation et au suivi des conducteurs de tramways ; à l’amélioration de la traçabilité des actions de maintenance, qu’il s’agisse de celle de la voie ou de celle des rames ; et à la fonction anti‑enrayage pour les futurs matériels roulants tramway.

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