Rapport d’enquête sur le carambolage le 5/11/2002 sur l’A10 à Coulombiers

Le présent rapport expose les analyses et les conclusions de l’enquête technique effectuée, à la demande du ministre de l’Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer, sur le carambolage survenu le 5 novembre 2002 sur l’autoroute A10 à Coulombiers. Le bilan de cet accident s’est établi à 8 morts et 40 blessés dont 6 graves. L’enquête technique s’est attachée à reconstituer les circonstances et le scénario de l’accident, puis à en identifier les causes et facteurs déterminants, avant de formuler les recommandations préventives utiles afin d’en éviter la répétition.

Un premier rapport d’étape, établi le 10 décembre 2002, a visé en priorité à préciser les mesures de surveillance renforcée à mettre en place sur la section concernée de l’autoroute A10, où se sont produits en 2002 deux accidents dans des conditions très similaires. Par la suite ont été réalisées des expertises et investigations plus approfondies sur les véhicules accidentés, ainsi que sur les conditions météorologiques et l’origine possible des fumées.

L’accident est survenu à la suite de l’arrivée sur l’autoroute d’un nuage particulièrement dense de brouillard accompagné de fumées, qui a réduit localement la visibilité à quelques mètres, contrastant avec les nappes de brouillard beaucoup moins denses qui subsistaient par ailleurs. Il s’est produit dans le sens sud-nord, où les usagers ont été surpris par cette nappe très dense ; dans le sens nord-sud, un accident qui aurait pu être aussi grave a été évité grâce probablement à la mise en protection d’un agent autoroutier, renforcée par un message d’alerte rapidement affiché sur un PMV (panneau à message variable) situé à proximité.

Parmi les facteurs liés aux comportements des conducteurs et au respect de la réglementation, la vitesse excessive joue un rôle majeur. Les véhicules (légers et lourds) roulaient aux alentours de la vitesse maximale autorisée par temps clair, qui était inappropriée alors que subsistaient des nappes de brouillard ; de plus, dans le cas de deux véhicules lourds et de plusieurs véhicules légers, il n’y a apparemment pas eu de ralentissement sensible à l’entrée dans la nappe où a eu lieu l’accident. L’adaptation des comportements et des vitesses en présence de brouillard doit donc voir sa place renforcée dans la formation initiale et continue des conducteurs de véhicules lourds. Par ailleurs, compte tenu du nombre élevé des conducteurs qui étaient en déplacement professionnel lors de l’accident, ce rappel devrait également être relayé dans le cadre des plans de prévention des risques routiers en entreprise. Il mérite également bien entendu d’être repris dans les campagnes de communication et d’information du public.

Parmi les facteurs d’ordre météorologique, une étude par modèle de simulation numérique a été effectuée par Météo-France pour préciser le rôle possible de fumées émises par l’usine de charbon de bois de Coulombiers lors des deux accidents survenus en 2002 ; elle conclut à un rôle probable pour l’accident du 29 janvier et, en ce qui concerne le carambolage du 5 novembre, à un rôle possible mais de faible importance. En tout état de cause l’utilisation effective de l’incinérateur de fumées dont cette usine est équipée devrait désormais réduire de tels risques.

Dans le domaine de l’exploitation de l’autoroute et de la veille, les recommandations au concessionnaire ASF portent sur le renforcement des équipements et des procédures permettant d’alerter rapidement les usagers en cas d’urgence et notamment de brouillard dense : patrouilles, PMV (panneaux à message variable), radio autoroutière, mise en place de flash ou feux à éclats sur les postes d’appel d’urgence. Ce dernier point (flash sur les postes d’appel d’urgence) devrait faire l’objet de recommandations techniques au niveau national. Sur la section d’autoroute où a eu lieu l’accident, une surveillance renforcée est à mettre en place par l’exploitant ASF, compte tenu de la coïncidence de deux accidents graves similaires en 2002 qui peut laisser craindre la présence de causes locales récurrentes d’apparition de brouillards denses ou de fumées.

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