Rapport d’enquête sur le déraillement du Télémétro le 12/01/2017

L’accident concerne le téléphérique « Télémétro » qui relie les deux « stations-villages » de Plagne Centre et Aime 2000 sur le domaine skiable de la Plagne.
Jeudi 12 janvier 2017 à 21h04, il neige abondamment. Alors que la cabine descendante du téléphérique passe au droit du pylône P2, le câble porteur s’échappe de son appui en tête de pylône. Il vient alors se loger dans les galets supports du câble tracteur, situés en dessous. La cabine déraille et reste en équilibre sur le câble porteur. L’installation stoppe automatiquement par déclenchement d’une alarme de sécurité de chevauchement des câbles tracteur et porteur.
Le conducteur ne comprend pas que la cabine et le câble ont déraillé. Il effectue plusieurs tentatives de redémarrage pour rapatrier en gare les deux cabines et shunte à cette fin toutes les sécurités de l’installation. Ce n’est que plus d’une heure plus tard, suite à l’arrivée de l’électricien d’astreinte, et après de nouvelles tentatives vaines de remise en mouvement, qu’une reconnaissance de la ligne est effectuée et que le déraillement est identifié.
Il est alors décidé d’évacuer en rappel les cinq clients présents dans les cabines. Cette évacuation se terminera à 0h55. Les clients sont indemnes.
Le Télémétro reste par la suite arrêté pendant cinq semaines pour remise en état des éléments endommagés de la cabine et du pylône. Son exploitation reprendra le 21 février 2017. L’exploitant prend à cette occasion plusieurs mesures de renforcement de la sécurité portant sur la surveillance et les conditions d’exploitation de l’installation. Il initie également un appel à projet en vue de modifier la conception du téléphérique.

La cause immédiate du déraillement est l’accrochage d’une pièce du chariot de cabine à une pièce du pylône P2. L’accrochage de ces deux pièces a conduit, dans le mouvement, à chasser latéralement le câble porteur de son support.

La cause origine de l’accrochage des deux pièces est le déport latéral du câble porteur à l’entrée du pylône, rendu possible par la présence de glace dans le logement d’appui du câble, ainsi que par le désalignement géométrique du logement d’appui.
Plusieurs facteurs ont contribué à la survenue de cet accident :

  • une conception du véhicule et du pylône présentant un risque vis-à-vis du déraillement en cas d’accumulation de glace ;
  • la non-application ce soir-là des consignes de dégivrage de l’appui du câble porteur en tête de pylône visant à se prémunir de ce risque ;
  • un positionnement légèrement en biais des supports de câbles sur pylône par rapport à l’axe du téléphérique.

Immédiatement après le déraillement, le conducteur a effectué plusieurs tentatives de remise en marche en dehors de toute précaution, en shuntant notamment toutes les sécurités, faisant ainsi courir le risque d’un sur-accident dont les conséquences auraient pu être graves. Il n’a pas procédé à une identification des causes de l’arrêt de sécurité avant de relancer l’installation.
Les facteurs organisationnels et humains explicatifs de cette conduite à risque sont relatifs au déficit de formation, déjà observé sur d’autres téléphériques, et au déficit de consignes détaillant les vérifications à accomplir pour une gestion rigoureuse en sécurité de l’incident.

Le BEA-TT émet deux recommandations se rapportant au déraillement. Elles concernent :

  • le traitement du risque de déraillement du Télémétro par une reprise en conception du téléphérique portant sur les cabines et les pylônes ;
  • la vérification du traitement du risque de déraillement de l’ensemble des téléphériques dont la conception est similaire au Télémétro, en s’assurant de la robustesse de la sécurité d’appui des câbles porteurs sur les têtes de pylône.

Le BEA-TT émet une recommandation et une invitation se rapportant aux facteurs organisationnels et humains concernant les opérations post-déraillement. Elles portent sur :

  • la fourniture d’une consigne de sécurité formalisée aux opérateurs du Télémétro précisant les vérifications à effectuer avant et après shuntage d’une sécurité ;
  • la réalisation d’un bilan des effets produits par la nouvelle réglementation applicable au 1er octobre 2017, sur la formation des conducteurs et, en cas de déficit, l’évolution vers l’exigence d’une habilitation de conduite pour les conducteurs de téléphériques.

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